Retrouvez ci-dessous une interview réalisée pour Boulevard Voltaire à propos des éoliennes
Nicolas Dragon est député Rassemblement national de la 1re circonscription de l’Aisne. Un département qui concentre le plus d’éoliennes derrière la Somme. Pour l’élu, il faut arrêter d’investir dans l’éolien, qui ne tient pas ses promesses en matière énergétique. Entretien.
Boulevard Voltaire : De manière générale, quel est votre regard sur l’éolien ?
Nicolas Dragon. S’il apportait une solution aux problèmes énergétiques et à l’augmentation de la consommation d’électricité, j’y serais favorable. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas, l’exemple de Fessenheim est frappant. La centrale a été fermée alors qu’elle fournissait l’équivalent de 3.000 éoliennes. Dans mon département de l’Aisne, on compte plus de 500 éoliennes qui ont vu le jour ces dernières années. Ça n’en finit plus !
BV : Emmanuel Macron a inauguré, il y a quelques semaines, le premier parc éolien en mer : qu’est-ce que cela vous inspire ?
N. D. Ça coûte une fortune, pour quelque chose qui est intermittent. Ça n’a aucun sens, cela fait partie d’un lobby estimant qu’il ne faut plus rejeter un gramme de CO2. Je rappelle que la France émet moins de 1 % des effets de serre, contrairement à d’autres pays qui ne se privent pas de polluer.
BV. : L’Aisne est l’un des départements concentrant un nombre important d’éoliennes. Comment expliquez-vous cela ?
N. D. Je vois fleurir des éoliennes depuis dix ans aux alentours de Laon, mais ces cinq dernières années, ça s’est fortement accéléré. L’implantation massive d’éoliennes dans l’Aisne s’explique par la pauvreté du département. J’ai des témoignages de maires qui se sont vus proposer 60.000 euros par an et pendant vingt ans pour l’implantation de quatre éoliennes, sachant que les dotations de l’État ont fondu comme neige au soleil. Je peux comprendre certains élus qui acceptent.
BV. : Est-ce que les habitants du département se plaignent de l’implantation d’éoliennes ?
N. D. Mes administrés me rapportent un nombre incalculable de nuisances. Les éoliennes émettent des ultrasons qui provoquent, selon les témoignages, des maux de tête et des nausées. Les gens se plaignent d’effets stroboscopiques ; quand il y a du soleil et que les pales passent devant, toutes les cinq secondes leurs maisons passent de la pénombre à la lumière. Certains agriculteurs me disent que leurs vaches se sont retrouvées malades. De plus, l’installation d’éoliennes à côté de chez soi provoque une dévalorisation de l’immobilier.
BV. : En vous écoutant, on a l’impression que l’éolien est un cercle vicieux. Plus on installe d’éoliennes, plus d’autres viendront. Comment est-il possible d’en sortir ?
N. D. Je pense qu’il faut organiser des référendums locaux pour que les gens décident s’ils veulent des éoliennes à côté de chez eux. Ce sont les habitants installés sur un territoire qui doivent pouvoir décider. Le peuple doit être souverain sur un certain nombre de questions ; l’éolien en fait partie.
BV. : Sur le plan politique, comment luttez-vous ?
N. D. Nous allons avoir une niche parlementaire avec le Rassemblement national, il n’est pas impossible que des propositions de loi voient le jour. Soit pour limiter l’implantation d’éoliennes, soit pour mettre en œuvre des référendums locaux. Et je pense que d’autres partis pourraient nous soutenir, comme Les Républicains ou d’autres députés concernés par ce sujet dans leurs circonscriptions.
BV. : Quelle alternative à l’éolien ?
N. D. Une grande majorité des Français sont favorables au nucléaire. C’est une énergie d’avenir pour plusieurs raisons. C’est une technologie française qui crée beaucoup d’emplois. Mais c’est aussi une énergie décarbonée.
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